XIXe-XXIe siècles
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Trente-deux études - pour trente-deux pièces d'ébène et d'ivoire - sont consacrées aux poètes (Eliot, Borges, Roubaud), auteurs de théâtre (Yeats), de bande dessinée (Hergé), et romanciers, d'expression française (Segalen, Roussel, Beckett, Gracq, Ouologuem, Caillois, Gary, Perec, Séry), anglaise (Poe, Carroll, Hardy, Faulkner), espagnole (Cortázar, Arrabal), italienne (Boito, Bontempelli, Calvino, Maurensig), allemande (Zweig, Dürrenmatt), et russe (Nabokov). Alors que trois essais préliminaires soulignent les apports déterminants de la poétique mallarméenne, de la linguistique saussurienne et de la philosophie wittgensteinienne pour l'élaboration d'une réflexion de la modernité accordant une place centrale au registre ludique, la très riche thématique échiquéenne au cinéma est également présentée par deux études sur le Russe Wsevolod Poudovkine et le Suédois Ingmar Bergman. La préface de George Steiner donnant au tout une ouverture de grand maître.
Extraits d'un article paru dans "Le monde" du 1er janvier 1999 : L'ECHIQUIER INVISIBLE, "(...) Quiconque souhaite en apprendre un peu plus sur les étranges et multiples liens tissés entre l'art, la philosophie et les échecs se procurera aussitôt ces Echiquiers d'encre publiés sous la direction de Jacques Berchtold, professeur à l'université de Genève, qui a réuni dans ce volume trente-deux études consacrées aussi bien à Descartes qu'à Lewis Carroll, à Mallarmé qu'à Beckett, à Zweig qu'à Hergé, à Poudovkine qu'à Ingmar Bergman. (...) Une question n'a cessé de hanter tous les forcenés des échecs : contre qui joue-t-on? Quelle est l'identité de l'Adversaire essentiel, à la fois familier et inquiétant, à la fois reflet de soi-même et altérité énigmatique, dont on pressent qu'il aura finalement le gain de l'ultime partie décisive? C'est à cette question que tente de répondre Jacques Berchtold en convoquant la Mort, comme on le fit au Moyen Age, ou le Diable, comme le suggère la tradition romantique."
Roland Jaccard **********************************************************
Extraits d'un article paru dans "24 heures", le mardi 15 décembre 1998: QUAND LE JEU DES ROIS FÉCONDE LES CASES LITTÉRAIRES, "Echiquiers d'encre est un ouvrage collectif qui réunit des études fascinantes sur les rapports obliques entre échecs et littérature. Ces 32 études (écho aux 32 pièces du jeu d'échecs) réunies sous la direction de Jacques Berchtold, professeur d'université et brillant maniaque, qui signe une passionnante introduction multipliant les pistes parallèles, n'ont pas à être lues linéairement. Mais sont plutôt à parcourir cavalièrement, à la manière d'un répertoire de parties, pour découvrir les mille et une façons de réfléchir les échecs dans le miroir des lettres : symbolisme des pièces, jeu de la métaphore, système clos sur lui-même, analogie dialectique, notions de règles et autres combinaisons savantes qui rendent cette confrontation fructueuse.
(...) Fouillées, savantes, voire alambiquées comme un mat en treize coups, ces études à cheval sur les cases les plus folles (...) révèlent également l'aptitude royale des universitaires à créer des problèmes insolubles, mais truffés de variantes infinies." Boris Senff.
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Cette "expérience" spirituelle est celle d'une émergence de l'Infini dans la finitude: "L'homme n'est pas, mais l'Etre est son œuvre". La mutilation du poète, reconnue comme stigmate d'une déchéance dont l'homme serait le fruit, n'a jamais servi que d'aiguillon dans cette quête. Procédant à un audacieux renversement des apparences, Bousquet intériorise et abolit l'espace, le temps, les causes qui règnent à la surface du monde manifesté. Il découvre, au cœur de l'homme même, et à l'origine de tout, l'Etre infini que chacun est "sans le savoir". Ennemi des spéculations abstraites, il ne conçoit cet Etre que doué de la plus haute densité matérielle. Il le poursuit à travers l'amour, tentative de restauration de l'androgyne cosmique, et la poésie, où la parole retrouve la chair et redevient le Verbe même.
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A la veille du bicentenaire de la naissance de Prosper Mérimée en 2003, Pierre H. Dubé a organisé et analysé les très nombreuses études qui ont été consacrées à l'écrivain, à l'homme d'Etat et à l'archéologue depuis 1825, année de la publication des premiers articles sur le Théâtre de Clara Gazul. Cette bibliographie recense non seulement les monographies consacrées à Mérimée, mais aussi un très grand nombre d'articles de périodiques, de journaux, des éditions spécialisées, des chapitres dans des mélanges, des thèses inédites, et des mémoires de ses contemporains. Etendue sur un siècle et demi, elle comprend plus de deux mille entrées.
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L’écriture aphoristique de ce siècle se situe dans le prolongement d’un ensemble de traditions gnomiques et sentencieuses que l’on peut faire remonter jusqu’à l’Antiquité la plus haute. La première partie est ainsi consacrée à l’histoire des genres sentencieux et de l’écriture discontinue, et en particulier à l’avènement de la maxime classique. C’est dans la descendance directe de la maxime, dans son infléchissement vers la contingence et la subjectivité, qu’il convient de cerner l’émergence d’un genre moderne de l’aphorisme, où la question de la vérité dans le discours discontinu, notamment au travers de la «révolution» surréaliste, prend un tour radicalement problématique. Dans la seconde partie du livre, l’hypothèse d’une spécificité relative de l’aphorisme moderne comme ressaisissement de la tradition est mise à l’épreuve dans des études monographiques consacrées à cinq auteurs de première importance pour le genre: Cioran, Reverdy, Scutenaire, Jourdan et Chazal.
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D'où vient ce qui s'écrit? Quelle est part de l'Autre en soi lorsqu'on fait acte de création? La figure de l'ange passe dans l'œuvre pour évoquer le mystère de l'inspiration. Et souvent, un peu en retrait dans sa réserve de silence, nous découvrons devant lui la présence d'une figure virginale qui lui offre l'espace d'accueil et d'écoute sans lequel l'œuvre virtuelle ne peut se créer dans la matière. L'ange et la vierge invitent à de secrètes identifications avec les figures de l'absence, et à une approche souvent critique de l'accomplissement. Mythe de genèse illuminé par l'Enfant-Œuvre, l'annonciation met en scène les dynamiques du désir qui opèrent au cœur même de l'acte créateur, qu'il soit de corps ou d'esprit. Car l'art et l'amour ne cessent de s'interpeller dans les scènes d'annonce que nous pouvons lire, des Secrets de la princesse de Cadignan de Balzac aux Charmes de Valéry, en passant par Baudelaire, Mallarmé, Cocteau, Rilke et Benjamin.
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L’œuvre d’Antonin Artaud donne à lire sinon la cohérence, du moins la permanence et l'urgence vitale de la quête énonciative qui impulse son écriture si profuse, et en apparence si hétéroclite. C’est en effet le mode de structuration psychotique de la personnalité d’Antonin Artaud qui module et dynamise les variations si spécifiques de son énonciation. En repérant dans chacun de ses textes la spécificité de l'agencement et de la dissolution des signes, ce livre tente de comprendre comment et pourquoi ce même auteur a pu écrire, à des époques très diverses de son existence et dans des conditions énonciatives extrêmement variées, tantôt des textes qualifiés de pathologiques et d'illisibles, tantôt des textes reconnus comme uvres littéraires.
L'aventure de l'écrivain a ceci d'extraordinaire qu'elle a été vécue à la fois dans et contre le langage. Avec une lucidité aussi cruelle que remarquable, et au prix d'innommables suppliciations, Antonin Artaud pointe un éclaiage intransigeant sur les leurres et l'imposture qui sous-tendent non seulement son propre discours, mais toute prise de parole, toute énonciation ...
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Les Hommes de bonne volonté: malgré son irrésistible fonction d’appel, le titre déçoit, d’emblée. Face aux désordres et aux conflits d’un monde soumis aux cataclysmes de l’Histoire, il oppose une bien pâle vertu évangélique. Un renoncement, voire une défaite, s’inscrivent en filigrane dès l’ouverture de ce gigantesque roman dans lequel, au rebours du titre, le mal, omniprésent, s’exhibe au sein des familles comme au sein des groupes, des bandes et des sociétés secrètes. Ses formes les plus exacerbées, telles les perversions, annexent même la totalité de certains volumes, pendant que l’énigmatique Quinette, double de Landru et figure emblématique du mal, érige l’assassinat au rang de discipline intellectuelle. Les représentants de la bonne volonté assistent en spectateurs impuissants au sabbat de l’abîme, avant de tourner le dos à un monde incurable qu’ils n’espèrent plus rédimer. Le présent ouvrage a l’ambition d’évaluer les stratégies scripturales complexes mises en œuvre par l’auteur pour accréditer cette représentation fascinée du mal, et consistant en de subtils compromis avec la figure redoutable du père, le véritable manipulateur de cette machinerie du mal, caché dans les coulisses de ce vaste théâtre que sont Les Hommes de bonne volonté.